Obersaaheim

Bref historique de l’Eglise Saint GALL

L’église est citée en 1302 et est appelée « capella » en 1317. Le droit de patronage appartenait aux sires d’Andlau. L’ancienne église était située à l’emplacement de l’entrée et du clocher actuel. Son chœur était tourné, comme on peut le déduire d’après le cadastre de 1818, vers l’ouest ; le clocher le surmontait. En 1772, l’église fut reconstruite par le curé SAUREL, pour la nef et le chœur, désormais tourné au nord. L’ancien clocher est démoli en 1868, une tour-porche fut alors encastrée dans la face principale, avec modification de la travée centrale.

 

En 1977 et 2012, l’intérieur de l’église fait l’objet de rénovations importantes.

 

L’église se compose d’une nef à 4 travées, d’un chœur à pans coupés et d’un clocher porche légèrement hors œuvre. Le portail de style néo-gothique est surmonté d’une rosace. La face principale est animée de contreforts en grès.

A l’intérieur, décor en stuc de style baroque ; un arc surbaissé sépare le chœur de la nef. Le plafond de la nef est peint d’une fresque représentant le couronnement de la Vierge par Limido, en 1954). Le plafond du chœur est en décor stuqué. Chaque travée possède une arcade aveugle encadrant une fenêtre. La tribune d’orgue est soutenue par 2 colonnes.

le fil de l'histoire

1302 : première mention d’un bâtiment servant de culte.

1314 : Obersaasheim est administré par le couvent Saint Nicolas de Volgelsheim – La paroisse fera partie du diocèse de Bâle jusqu’en 1802.

Fin XVème, début XVIème siècle, les religieux de PAIRIS, puis ceux de MUNSTER desservent la paroisse d’Obersaasheim.

1528 : Grâce au Baron d’Andlau, Seigneur de la commune, un curé résidant sur place est nommé.

1535 : Destruction du couvent de Volgelsheim. Volgelsheim et Algolsheim deviennent annexes d’Obersaasheim.

1618 – 1648 : Pendant la guerre de trente ans, le village fut dévasté et la paroisse fut administrée à plusieurs reprises par les curés de Heiteren. Parmi eux, on cite quelques religieux du couvent des Augustins de Brisach.

1640-1670 : mention de la construction d’une église.

1718 : Geiswasser devient annexe d’Obersaasheim. Jusqu’à cette date Geiswasser fut desservie par Brisach.

1732 : destruction de l’église par la foudre.

1770 à 1772 : construction de la nef de l’église actuelle, inaugurée et bénite à Noël 1772 par le Curé François-Antoine SAUREL. De l’ancienne église subsistait le clocher, un vieux clocher-chœur dans le style de celui de l’église Saints Pierre et Paul d’Algolsheim.

1777 : le 16 octobre, en la fête Saint Gall, la nouvelle église fut consacrée solennellement par Mgr Jean-Baptiste Joseph GOBEL, Auxiliaire du Prince-Evêque de Bâle. Le maître-autel et les deux autels latéraux sont consacrés.

1820-1830 : important programme d’embellissement intérieur.

1825-1826 : Orgue achevé par Joseph Callinet. Réparation importante de l’orgue en 1897 ; nettoyé et révisé en 1913, légèrement restauré par Berger en 1925 et 1932, par Schwenkedel en 1951, nettoyé par Alfred Kern en 1981.

1868-1870 : Sous Napoléon III, le curé Joseph WEBER fit construire le clocher actuel, inauguré le 5 juillet 1870.

1869-1970 : restauration des autels et de la chaire à prêcher.

1887 : restauration intérieure : réfection de la peinture, dallage de l’entrée, porte entre le porche et la nef.

1901 : installation de nouveaux bancs, œuvre de M. Simon Gringer.

1906 : pose de l’actuel vitrail du chœur.

1910 : construction de l’actuelle sacristie.

1910 : M. Simon Gringer réalise et sculpte le banc de communion.

1912 : Restauration de la toiture, du clocher et du plafond du chœur.

1923 :

: Bénédiction de 3 cloches ; les anciennes avaient été réquisitionnées par les Allemands le 04/04/1917.

1937 : Bénédiction d’une 4ème cloche, la plus grande.

1945 – le 2 février : l’église est sérieusement endommagée par des obus Allemands.

1945-1951 : les cultes se tiennent dans des locaux provisoires.

1950 : Bénédiction de 3 cloches ; les anciennes bénites en 1923 et 1937 avaient été réquisitionnées une nouvelle fois par les Allemands en 1943, en épargnant la plus petite.

1951-1952 : l’église est totalement restaurée : nouveaux vitraux (1951), rénovation des peintures.

1954 : réalisation d’une fresque au plafond de la nef par Carlo LIMIDO.

1975-1976 : restauration du maître-autel et des autels latéraux.

1977 et 2012 : importants travaux de rénovation intérieure.

Un style remarqué : le baroque

Cet ensemble du XVIIIème siècle se distingue tout particulièrement par la qualité remarquable des autels latéraux de style baroque.

Ces autels pourraient provenir de l’atelier du sculpteur TRUDPERT Walter de Fribourg en Brisgau. Ils auraient été livrés en 1772, année de « l’inauguration » de l’Eglise.

Identiques d’architecture, ces deux ensembles comportent chacun une « mensa » ou table d’autel galbée, avec trois médaillons, un central et deux latéraux, recouverts d’or poli et de faux-marbres en alternance de gris. Au centre, au-dessus de la table de l’autel, se trouve une niche qui abritait un tableau aujourd’hui disparu. De part et d’autre se dégagent en avancée, quatre colonnes dont la polychromie froide contraste avec la marbrure de facture très libre et très chaude des fonds.

L’élément le plus frappant apparaît au-dessus des chapiteaux dorés de style carinthien, en une avancée saillante, réhaussée d’or, très caractéristique du maître présumé.

Le panneau central supérieur, coiffé d’une couronne, particularise chacun des autels par le sujet de ses sculptures.

Sur l’autel de gauche, la statue de la Vierge avec l’enfant Jésus, nous indique que l’autel lui est dédié.

Au-dessus, la Vierge de l’Assomption, sur fond de nuages argentés, au visage regardant le ciel, drapée dans sa robe argentée et son manteau doré, exprime déjà la gloire céleste de la Reine du Ciel. Elle est entourée de nombreux angelots, petits et ailés sur fond du panneau et de quatre plus importants et musiciens sur les grandes volutes latérales.

Sur l’autel de droite, actuellement autel Saint Joseph, figure Dieu le Père, surmonté d’une colombe, un globe bleu argenté dans une main, un sceptre doré dans l’autre. La sculpture est ici d’une très grande qualité, ainsi que celle des anges musiciens si caractéristiques du baroque de l’Allemagne du Sud.Le maître-autel aux proportions imposantes, mais équilibrées a retrouvé sa sobriété d’origine, dégagé des éléments décoratifs surajoutés au 19ème siècle. L’autel est isolé du retable. Il est galbé en élévation, orné en son centre de l’Agneau de l’Apocalypse.

Un remarquera le tabernacle en bois doré posé sur l’autel, dont la porte est ornée d’un calice et surmontée de deux têtes d’anges.

Le retable flanqué d’ailerons en volutes et composé d’un grand panneau décoratif, garni de deux colonnes avec chapiteaux carinthiens. On notera la disparition d’un grand tableau logé dans le cadre cintré, dont l’absence se remarque moins grâce à la décoration stucquée d’angelots polychromes, de nuages argentés et de rayons dorés entourant l’oculus.

Cet ensemble a été marbré en harmonie avec les autels latéraux dont les marbrures sont en grande partie d’origine, donc de 1772.

Le centre du retable est occupé par la statue de Saint Gall, placée sur un piédestal. Elle daterait du 3ème quart du 19ème siècle et aurait été réalisée par Jean-Martin FEUERSTEIN, sculpteur à Barr, qui a restauré le mobilier de l’Eglise en 1869-1870.

On remarquera sur le côté latéral gauche de la nef, la chaire à prêcher. Cette dernière est ornée sur sa cuve des statues des évangélistes, en haut relief, sur le dorsal de la représentation du Bon Pasteur, en bas-relief, et de la Colombe du saint Esprit sous l’abat-voix. Celui-ci est surmonté d’un couronnement orné de fleurs de lys et sommé de la couronne royale.

La chaire a été vraisemblablement réalisée après l’achèvement de la nef en 1772. Elle pourrait être l’œuvre de l’atelier de Trudpert Walter de Fribourg-en-Brisgau (d’après Hermann Brommer). Les représentations des Evangélistes semblent être d’une facture différente de celle du Bon Pasteur, peut-être postérieure. L’escalier a été refait après 1945. Elle a été restaurée en 1978 par les peintres Valentin JAEG et Guy VETTER ; les volutes encadrant le dorsal ont alors été supprimées.

Un patrimoine d’exception

L’Eglise Saint Gall d’Obersaasheim dispose d’un patrimoine remarquable répertorié au titre de la base documentaire « Mérimée », répertoriant le patrimoine architectural français.

On notera notamment au titre de cet inventaire :

  • de nombreuses statues : Vierge, Vierge à l’enfant, Immaculée Conception, Anges adorateurs, Saint Fridolin et le mort, Christ ressuscité…
  • deux reliquaires,
  • deux croix (Christ en Croix)

On remarquera également :

  • les vitraux,
  • les bancs de fidèles,
  • le chemin de croix,
  • les fonts baptismaux,

Statue de « La vierge à l’enfant »

Son histoire au travers de la chronique :

Au moment de la Révolution Française, non loin du « Fort Mortier » près de Volgelsheim, se dressait au milieu des champs, une petite chapelle qui fut pillée et détruite sur ordre des révolutionnaires.

Les images pieuses et objets contenus dans la chapelle furent entassés et brulés.

Une statuette de la Vierge cependant (d’à peine la taille d’une chaussure), résista au feu et, malgré plusieurs tentatives pour la détruire, fut épargnée par les flammes et resta indemne.

Parmi l’assistance, se trouvait un dénommé Mathias SCHULER, cultivateur de Volgelsheim, qui après avoir observé le phénomène, retira la statuette et la ramena à son domicile.

1802 – Mardi de Pentecôte :

Les turbulences de la Révolution passées, ce n’est que le mardi de la Pentecôte de l’année 1802, que Mathias SCHULER, remis au Curé François Antoine KLAYLE, alors Curé d’Obersaasheim, ladite statuette et raconta les faits miraculeux qu’il avait observé.

Dès lors, la statuette fut exposée dans l’Eglise paroissiale d’Obersaasheim et le Conseil de Fabrique décida de commémorer cet évènement chaque année, par la célébration d’une grand’messe solennelle, le mardi de Pentecôte.

Un pèlerinage en son honneur :

A partir de ce moment, les pèlerins affluèrent à Obersaasheim et de nombreux ex-voto (offrande faite en demande d’une grâce ou en remerciement d’une grâce obtenue. Ces objets peuvent prendre de multiples formes : statuettes ou plaques, crucifix, tableaux…) témoignent que les vœux des personnes y ont été exaucés.

Par la suite, à l’autel où était présentée la Vierge, une messe fut dite tous les mardis et vendredis, journées qualifiées de votives.

Depuis sa rénovation en 1900 :

En 1900, le Curé Antoine RINGEISEN, alors Curé d’Obersaasheim, envoya la statuette à Munich pour y être repeinte. De retour à Obersaasheim, elle fut à nouveau proposée à la vénération des fidèles.

Trois expertises pour sa datation :

En 1988, « La Vierge à l’Enfant » d’Obersaasheim est inscrite à l’inventaire supplémentaire des objets et mobiliers classés monuments historiques.

La chronique faisant remonter son origine avant la Révolution, éventuellement au 17ème siècle, ou entre 1686 et 1789, il fut décidé de procéder à son expertise.

Un premier examen rapide effectué au presbytère d’Obersaasheim, le 3 décembre 1988, par le Chanoine RINGUE et M. Michel MOYSES, Maître en Théologie, conclue à une datation difficile, mais vraisemblablement du 19ème siècle.

En mars 1990, afin de procéder à une expertise plus approfondie, la statuette fut remise à Mme Monique FUCHS, conservateur du Musée des beaux-arts de Mulhouse et spécialiste des statuettes de vierges du moyen-âge.

Là encore ses conclusions aboutissent à une datation de la première moitié du 19ème siècle.

Dans le but de confronter le résultat de l’expertise de Mme FUCHS, une troisième expertise fut menée par le Dr. Phil. BURKARD VON RODA, Directeur adjoint du Musée historique de Bâle et spécialiste de la sculpture religieuse en bois. Ce dernier rejoint les conclusions de Mme FUCHS.

De 1802 au milieu du 19ème siècle : des questionnements qui demeurent sans réponse !

Qu’est-il advenu de la statuette remise en 1802 par Mathias SCHULER ?

La statue originale aurait-elle été remplacée par une copie ?

Y aurait-il eu une erreur d’appréciation quant à sa datation malgré les trois expertises ?

Les moyens modernes de datation pourraient-ils nous révéler aujourd’hui l’âge exact de cette statue ?

Autant de questions et bien d’autres (…), qui fascinent et alimentent notre imaginaire et nous rappellent que les biens matériels, bien souvent, attirent convoitise et nous écartent de la réalité spirituelle

Un patrimoine d’exception

L’orgue CALLINET

L’orgue d’Obersaasheim fut construit par Joseph CALLINET, frère aîné de la dynastie rouffachoise de facteurs d’orgues. Faisant partie de leur 1ère période d’activité, cet instrument date des années 1825-1826.

On y retrouve de nombreuses caractéristiques communes aux orgues Callinet de cette époque.

La famille Callinet est une famille de facteurs d’orgues français implantés à Rouffach en Alsace. Les Callinet sont devenus au XIXème siècle les organiers les plus représentatifs d’Alsace après les Silbermann. De Joseph Rabiny dont ils sont les héritiers, à Louis-François Callinet, dernier représentant de cette dynastie, ils ont construit, sur un peu plus d’un siècle, quelque 150 instruments, dont environ 60 ont été, peu ou prou, conservés.

Pour l’orgue de l’église St Gall, le buffet impressionne par la taille de ses Jouées, qui ne sont pas caractéristiques de la production de nos organiers. Contrairement aux orgues de Neubois et Bouxwiller (Ferrette), qui ont la même architecture, il y a ici des Jouées, grandes et ajourées (sont-elles de Callinet ?).

L’instrument d’Obersaasheim fut modifié par Alfred Berger, successeur des Callinet, en 1925 et 1932.

Il plaça une Voix céleste et une Montre 8‘ (les Callinet préféraient à ce Jeu, et pour le même usage, une Flûte « Traverse » (en métal) en 8 pieds dans les dessus, complétée par un 4 pieds dans les Basses). Ces Jeux remplacèrent probablement un Nasard et une Fourniture. Comme il n’y avait pas de place dans le Buffet pour un 8 pieds ouvert, les basses du Principal 8‘ furent logées derrière le Buffet.

En 1951, la Voix céleste de Berger fut supprimée par Georges SCHWENKEDEL et remplacée par un Nasard (sans changement de l’étiquette à la Console).

Relevé par Alfred Kern en 1981, l’orgue d’Obersaasheim est un témoin important de l’art des Callinet.